Un acte d’exaspération face à des pleurs inconsolables a conduit une jeune mère face au juge, ce lundi 17 juin 2019.

En juillet 2013, à Saint-Astier près de Périgueux, la mère avait secoué son bébé suite à des sanglots nocturnes incessants. Aujourd’hui âgé de six ans, le petit garçon souffre de cécité, de troubles cognitifs et d’un retard mental important. Il ne peut ni marcher, ni manger seul et ses mouvements sont limités. La mère a écopé d’une peine de 5 ans de prison dont 4 avec sursis, ainsi que d’une mise à l’épreuve.

 

         La cause du SBS

Le syndrome du bébé secoué (SBS) touche entre 150 et 200 enfants chaque année. Des parents à fleur de peau, un baby-sitter démuni usent parfois de ce geste violent pour faire cesser des pleurs. Cependant, les conséquences sont trop souvent dramatiques. Le secouement peut provoquer un traumatisme crânien non-accidentel. La tête du bébé est constituée d’un espace entre la boîte crânienne et le cerveau. De nombreux vaisseaux sanguins comblent cet espace. Or, chez les nourrissons, les muscles du cou sont trop peu développés pour amortir les chocs subis. La violence infligée entraîne le basculement de la tête et, par là même, le heurt du cerveau sur les parois crâniennes. S’exerce alors ce que la Haute autorité de la Santé appelle « force de cisaillement » qui compresse les vaisseaux sanguins. Cette force crée des hémorragies et des lésions internes irréversibles.

 

         Quelles séquelles ?

Dominique Renier, neurochirurgien au CHU Necker-Enfants malades de Paris, révèle des chiffres déconcertants dans son livre Le bébé secoué (2003, éditions Khartala). Le syndrome du bébé secoué entraînerait la mort de l’enfant dans 10% des cas ; la cécité, un retard mental important et une épilepsie rebelle dans 25% des cas. Seul ¼ des bébés s’en sortirait sans séquelle majeure. Mais d’autres médecins avancent des chiffres bien plus élevés, tels qu’un décès sur cinq et 2/3 de séquelles permanentes.

Dans un rapport de 2017 (lien cliquable), la Haute autorité de la Santé (HAS) indique que le secouement d’un bébé provoque des hémorragies rétiniennes (de sévérité variable) dans 85% des cas. Celles-ci sont pourtant très rares dans le parcours de vie habituel des nourrissons.

 

         La nécessité des campagnes de prévention

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 80% des déficiences visuelles mondiales seraient évitables. Néanmoins, les campagnes d’information sur le syndrome du bébé secoué sont trop peu nombreuses. Le Centre de ressources francilien du traumatisme crânien a diffusé la dernière campagne nationale sur le sujet en 2005. En Indre-et-Loire une telle opération de prévention a été menée en 2017. Sans que la causalité n’ait été prouvée entre la campagne et la baisse du phénomène, le nombre de bébés secoués a chuté sur le département. Il est passé de 14 cas, dont 6 décès, pour l’année 2015-2016, à 1 seul cas pour l’année 2017.

Cette prévention est pourtant plus que nécessaire puisque l’HAS souligne que le taux de récidive dépasse les 50%.  Une campagne efficace et constante pourrait donc probablement éviter la cécité de nombreux enfants chaque année.

 

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