Des Ailes est une série de portraits des professionnels qui accompagnent les jeunes déficients visuels vers l’autonomie et leur permettent de voler de leurs propres ailes…

Lucie Care souhaite donner la parole à ces professionnels pour montrer l’importance de leur travail auprès des enfants déficients visuels.

Ils sont : enseignant spécialisé, instructeur en locomotion, psychologue,  AVJiste, transcripteur, conseiller en aides techniques, ergothérapeute, psychomotricien, éducateur spécialisé, éducateur en activité physique et sportive adaptée, assistant social, ophtalmologue, orthoptiste …
Ils accompagnent les enfants aveugles ou malvoyants dans leur combat quotidien pour compenser leur handicap et vivre au mieux leur développement.

Chaque mois, ils nous parleront de l’importance de leur métier et de leurs combats.

 

1. L’enseignante spécialisée, avec Anne Lorho

Anne Lorho est enseignante spécialisée à l’IJA de Toulouse depuis 2000. Loin de se limiter à l’enseignement d’une matière ou de techniques, sa mission consiste à proposer des approches pédagogiques et techniques adaptées à chaque type de handicap et à différents âges, et à transmettre des usages spécifiques aux enfants comme aux équipes qui les entourent en milieu ordinaire. Un vrai travail de jongleuse…

 

 

 

2. Le psychologue de la petite enfance, avec Yannick Delpuech

Yannick Delpuech est psychologue à l’Institut National des Jeunes Aveugles responsable du Service d’aide aux familles d’enfants déficients visuels 0-6 ans. Faire intervenir un psychologue si tôt dans la vie de l’enfant et de sa famille, permet de mettre en place les acquisitions essentielles qui vont le guider vers l’autonomie. Mais pour le lui permettre, il faut d’abord rassurer ses parents sur ses capacités.

 

 

 

3. L’orhoptiste, avec Nathalie Dematons Bujosa

Nathalie Dematons Bujosa est orthoptiste au Centre de soins et d’éducation spécialisée (CSES) Peyrelongue, pour les enfants de 0 à 10 ans et accompagne ce public depuis 1995. Son rôle est d’apprendre aux enfants à exploiter au mieux les capacités visuelles dont ils disposent. Dans son métier, elle travaille en lien avec tous les professionnels qui accompagnent l’enfant et ensemble ils aident les parents à mieux connaître leur enfant.

 

 

 

4.La conseillère en compensation technologique, avec Chloé Brochard

Chloé Brochard œuvre depuis 2014 en tant que conseillère en compensation technologique au  CSES Alfred Peyrelongue. Son job ? Conseiller sur des aides techniques et matériels de compensation, dès le plus jeune âge et tout au long du parcours scolaire, pour permettre l’autonomie de l’enfant empêché de voir ou de bien voir.

 

 

 

5.La transcriptrice adaptatrice « l’alliée lecture », avec Odile Vieceli

Odile Vieceli est transcriptrice adaptatrice au CSES Alfred Peyrelongue. Depuis 17 ans, elle s’attache à rendre accessibles aux jeunes déficients visuels les documents dont ils ont besoin pour leur scolarité : un travail consiste à adapter les contenus aux codes de compréhension et d’interaction de ces enfants.

 

 

 

Quelques chiffres qui alertent sur la situation et la pénurie de professionnels

En 2021, dans son enquête sur l’accompagnement des enfants aveugles, l’ANPEA (Association Nationale des Parents d’Enfants Aveugles) alerte sur le fait que selon le département où il vit, un enfant déficient visuel ne bénéficiera pas des mêmes services que son voisin et pourra être tout bonnement laissé sur le bord du chemin de l’inclusion et de l’autonomie ! L’inscription seule dans une école ordinaire ne suffit pas pour un élève aux besoins spécifiques : un accompagnement par des professionnels spécialisés est essentiel.

Cette étude réalisée auprès de l’ensemble de ces services d’accompagnement spécialisés dans la déficience visuelle mettait en exergue :

🤱 De très grandes inégalités territoriales
Il est par exemple malvenu de naître déficient visuel dans le département du Gardaucun service ne pourra l’accompagner : il n’y en a pas !

🦯Des métiers rares et en tension
Il n’y a par exemple aucun instructeur de locomotion dans le département de la Haute Vienne : un enfant non-voyant doit-il pour autant apprendre à se déplacer… à tâtons ?

🏛️Un désengagement des inspections académiques de l’Éducation Nationale
Les enseignants spécialisés en déficience visuelle sont de moins en moins nombreux, voire inexistants dans certains territoires. Comment demander à un élève déficient visuel de savoir lire et écrire en braille s’il n’a pas d’enseignant pour le lui apprendre ?

🧒Des enfants oubliés
Les listes d’attente plus ou moins longues selon les territoires laissent ainsi des centaines d’enfants déficients visuels sans prise en charge aucune. Aux parents de pallier à ce manque et de s’improviser comme ils peuvent ergothérapeutes, ophtalmologues, enseignants, transcripteurs…

 


 

En 2023, l’étude HOMERE sur les personnes déficientes visuelles en France confirme ces éléments et pointe le manque de professionnels pour l’accompagnement des personnes déficientes visuelles.

Lors de la restitution des résultats, le 7 février 2023 à Paris, Béatrice Le Bail, présidente de l’ARIBA souligne les difficultés de recrutement des métiers de la réadaptation. De son coté la Présidente de l’ANPEA à cette même tribune, alerte sur la problématique du diagnostic et de la prise en charge précoce par les professionnels.

On compte environ 250 instructeurs en locomotion sur le territoire national pour suivre l’ensemble de la population déficiente visuelle. Même si 85% de ces professionnels exercent en institutions ou services spécialisés pour jeunes déficients visuels, le besoin reste criant pour ce public des enfants. Dans cette étude, un lien est établi entre la capacité de déplacement de l’individu et son parcours en étude supérieure et son niveau apprentissage du braille. L’autonomie dans les déplacements, qui s’acquiert par des cours de locomotion, a une incidence majeure sur le parcours de vie du non-voyant ou malvoyant.