Odile Vieceli est transcriptrice adaptatrice au CSES Alfred Peyrelongue. Depuis 17 ans, elle s’attache à rendre accessibles aux jeunes déficients visuels les documents dont ils ont besoin pour leur scolarité : un travail qui ne consiste pas seulement à transcrire en braille ou à adapter des caractères à leurs visions, mais aussi à adapter les contenus aux codes de compréhension et d’interaction de ces enfants.

« Mon rôle ? Être dans l’enseignement sans enseigner. Je fais le lien entre les enseignants et leurs élèves ». C’est ainsi qu’Odile Vieceli aime résumer son travail. Rien ne semblait la prédisposer à exercer ce métier. Odile est en effet titulaire un bac+5 en chimie lorsqu’elle tombe sur une annonce pour un poste de transcripteur adaptateur. Il fallait des connaissances scientifiques, elle les avait ! C’est ainsi qu’elle a fait son entrée dans le monde des non et malvoyants et dans un métier qui lui plaît.

Adapter les caractères, l’organisation, les formulations…

Comme elle, la plupart de ces professionnels exercent dans des centres de transcription rattachés à des établissements sociaux et médico-sociaux, pour être au plus près des besoins. Ici, elles sont quatre et leur activité est centrée sur l’accessibilité des documents pédagogiques, un transcripteur adaptateur pouvant être amené, dans d’autres cadres, à rendre accessibles également des documents administratifs, culturels ou touristiques.

Le transcripteur adaptateur travaille main dans la main avec l’enseignant spécialisé et l’orthoptiste. Le premier fait les demandes et fournit les documents, des photocopies ou des manuels, le deuxième définit les besoins de l’enfant, braille, gros caractères, polices, couleurs, contrastes, etc., une « fiche visuelle » sur laquelle peut s’appuyer Odile pour produire sa transcription.

« J’adapte des cours en braille ou en gros caractères, du primaire jusqu’au lycée », détaille Odile. « Plusieurs types de documents sont concernés : du texte, mais aussi des schémas et des cartes adaptés en tactile (dessins en relief) ou en gros caractères, avec ou sans couleurs… »

Le travail est bien plus subtil qu’il n’y paraît. Car il ne s’agit pas de traduire, comme on pourrait traduire un texte d’une langue à l’autre, de l’anglais au français par exemple, ou de simplement rendre un contenu plus visible en fonction du handicap visuel : un transcripteur adaptateur doit faciliter la lecture et la compréhension en s’adaptant aux codes propres à la déficience visuelle « pour que l’élève saisisse le contenu et le sens du document ! ». Il s’agit, par exemple, « d’adapter les questions : ‘soulignez le mot’ par ‘relevez le mot’ ou encore ‘coloriez la carte’ par des consignes qui permettront à l’élève, par des numéros, des lettres ou des textures différentes, de répondre comme ses autres camarades de classe », détaille la transcriptrice.

Un travail qui contribue à l’inclusion scolaire

À Peyrelongue, un enfant ou un adolescent est pris en charge par le même transcripteur. Pourquoi ? « Parce que cela ne sera jamais le même travail pour les uns et les autres », explique Odile. « Cela dépend de plein de paramètres et des demandes plus ou moins simples de l’enseignant à qui nous demandons de cibler au mieux un numéro d’exercice, de page, etc. Inutile en effet de passer 3 h sur des pages si l’enseignant n’utilise au final que 2 exercices ! » Important, insiste la professionnelle, car transcrire prend du temps. De la même manière, ils doivent « savoir s’organiser et prévoir le moment où ils vont avoir besoin du document et non la veille pour le lendemain ! Car une adaptation d’un cours, c’est a minima une semaine et nous avons aussi des périodes très chargées, comme à la rentrée et aux retours des vacances. » Être précis, anticiper le plus possible restent donc des préalables indispensables au bon déroulement du travail d’Odile et de ses homologues.

Une anticipation d’autant plus importante que ce travail est « essentiel ». « Il permet aux jeunes de pouvoir disposer de supports adaptés », poursuit la transcriptrice :

« Il s’agit de faire en sorte que ces élèves aient le même support que leurs camarades, mais adapté à leur déficience visuelle, pour qu’ils puissent eux aussi participer et acquérir des connaissances. Sans cela, ils ne pourraient pas s’en sortir, même avec la meilleure volonté du monde ! Car une photocopie A3 de mauvaise qualité ne fera pas mieux que le document initial… Cela contribue au développement de leur autonomie et à leur inclusion scolaire ».

Focus parcours

Odile Vieceli attaquera sa formation, mise en œuvre depuis 1990 par la FISAF (Fédération nationale pour l’insertion des personnes sourdes et des personnes aveugles en France), un an plus tard. Et la suivra en alternance durant deux ans, en investissant différents établissements ou structures, dont l’INJA, l’IJA de Toulouse ou encore le Centre de soins et d’éducation spécialisée (CSES) Peyrelongue, où elle exerce actuellement. Car il lui fallait maîtriser le braille, incontournable dans ce travail qui consiste à réviser des documents écrits ou graphiques pour s’assurer que les jeunes en saisissent le contenu.

Merci à Odile Vieceli pour son témoignage
Merci à Camille Pons pour la rédaction