Si la crise sanitaire a mis tout le monde face à des difficultés, celles rencontrées par les jeunes déficients visuels, notamment pour suivre la scolarité, se sont révélées plus criantes. Certes, des initiatives ont permis la mise à disposition de ressources adaptées, mais l’équipement individuel en le matériel adapté, optique, électronique, numérique, pour accéder à ces ressources, n’a pas suivi. Or, sans ordinateur, télé-agrandisseur, loupe, plage-braille… comment lire, comment écrire ?
Charlotte Laurent Es-Sabri aime raconter ce moment « émouvant » et « magique » où une jeune fille mal-voyante a découvert enfin, à l’âge de 14 ans, ses mains… avec un télé-agrandisseur.
Un objet qui, outre faciliter la lecture, autorise d’autres activités nécessitant les mains libres, comme la lecture et l’écriture simultanée ou encore des activités de petite précision, comme enfiler des perles.
« Elle zoomait, était abasourdie de voir ses mains, ça a été pour elle une découverte géniale »se souvient cette orthoptiste qui a intégré en 2019 l’Institut d’éducation sensorielle (IES) les Primevères à Lyon.
Charlotte Laurent Es-Sabri est « convaincue » de l’intérêt d’utiliser matériel adapté pour les déficients visuels. C’est ce qui l’a motivé, dès son arrivée l’IES, qui accueille une cinquantaine de jeunes de 4 à 20 ans, à imaginer un projet de plateau technique rassemblant un ensemble d’équipements spécialisés qui permettent « de rendre les choses visibles », comme par exemple pouvoir lire d’autres supports que ceux préalablement agrandis.
Le plateau verra le jour avec une dimension non prévue, le prêt de matériel individuel, mis en oeuvre dès que les besoins se sont faits sentir durant le confinement, grâce à un budget spécial Covid ouvert par le Fonds de dotation Lucie Care. Ce qui a permis de donner à 20 jeunes de l’IES des loupes électroniques, des pupitres pour un plus grand confort de lecture, des lampes d’appoint, des balances électroniques vocales pour pouvoir cuisiner ou encore de magazines en gros caractères, mais aussi d’investir dans d’autres matériels destinés à équiper le plateau mais qui ont pu être prêtés, comme des tablettes lumineuses rétro-éclairées.