Suite et fin de l’interview de Thibault Loué à l’occasion de la sortie du film INVISIBLES dont Lucie Care est partenaire.

Pour rappel, le film nous montre sans filtres la préparation et la course du Marathon de Paris 2021 entre un coureur voyant qui se met dans les mêmes conditions qu’un sportif déficient visuel (Thibault Loué, @thibaultloue) , et de son guide (Cédric Dubourg, @cedricdubourg). A travers cette démarche, les deux hommes espèrent sensibiliser au handicap visuel. Le documentaire permet aussi de (re)découvrir la richesse du handisport et de ses athlètes déficients visuels :  les deux coureurs ont notamment été entraînés par  Mériam Amara (@MeriamAmara, non voyante, sportive multidisciplinaire, paratriathlon) et Thibault Rigaudeau (@rigaudeau_thibaut équipe de France handisport de Triathlon).

Voici leur histoire : https://www.youtube.com/watch?v=LHueMmkxjsk

Pour l’occasion, Thibault Loué répond à nos questions et nous en dit plus sur son parcours et ce beau projet !

 

Parlez-nous d’une expérience marquante pendant le tournage

On est en Mars 2020, Thibaut RIGAUDEAU prépare les Jeux Paralympiques de Tokyo. Il avait prévu une séance de « récup » avec moi, 30 min « cool » et 10 x 100m avec 20 secondes de récupération. J’ai été à la traîne pendant tout l’entraînement. J’ai pris une leçon, littéralement ! On faisait des répétitions à 22-23 km/h. J’étais rincé. On a beaucoup rit de cette situation !

Globalement, tout le tournage était une grosse claque de vie. On a rencontré des personnes extraordinaires et on en est ressortis très émus.

 

Qu’a changé la crise de la COVID-19 ?

La Covid a absolument tout changé dans ce projet. Le « break Covid » nous a tous mis à terre.

A 3 semaines de la course on était prêts, et on était tellement en forme qu’on aurait fait un bon chrono au marathon. Mais d’un seul coup nous avons dû décaler le projet de 6 mois, puis finalement d’1 an et demi jusqu’à Octobre 2021, date à laquelle le marathon de Paris à été reporté.

De mon côté j’ai attrapé la Covid-19 en Septembre 2020 qui s’est transformée en « Covid long » et qui m’a empêché de courir pendant plus de 9 mois, jusqu’à l’été 2021 ou je repartais presque de 0. Donc j’ai passé le plus clair de mon temps à essayer de retrouver une condition physique décente jusqu’au jour de la course, plutôt que de m’entraîner « à l’aveugle » avec Cédric. On est retourné à l’entraînement ensemble 10 min, 3 jours avant la course histoire de reprendre quelques repères.

Mais le côté positif c’est que pendant 1 an et demi, j’ai dévoré des dizaines de documentaires pour comprendre comment construire celui-ci. Donc j’étais moins bon coureur mais bien meilleur réalisateur !

 

Quelles prises de conscience sur la déficience visuelle le tournage a-t-il permis de faire naître  ?

La vraie prise de conscience, je l’ai eue la fin de la course. J’ai passé les 15 derniers kilomètres à souffrir et lutter contre moi même. Et contrairement à d’habitude, j’étais dans le noir total. Je n’avais plus rien : plus de repères, plus de forces, plus d’équilibre, simplement l’ouïe complètement exacerbée. A la fin de la course, mon visage est fermé dans le SAS d’arrivée parce que je suis ému. J’ai trouvé l’expérience bouleversante. Sincèrement, ce sont eux les vrais héros.

Je suis extrêmement fier de ce film, de voir à quel point une petite idée qui m’a traversée l’esprit il y a 2 ans est devenue quelque chose qui a du sens et qui m’a fait grandir.

 

Un petit mot pour la fin ?  

Merci à LUCIE CARE de nous avoir soutenu dès le premier jour. Merci à Mériam AMARA et Thibaut RIGAUDEAU, deux personnes extraordinaires, qui par leur humilité, leur simplicité et leur parcours de vie, nous ont donné l’énergie nécessaire pour mener à bien notre projet. Enfin, merci à tous ceux qui m’ont suivi dans cette aventure.