Nous sommes heureux de vous faire découvrir le film INVISIBLES dont Lucie Care est partenaire. Le film nous montre sans filtres la préparation et de la course du Marathon de Paris 2021 entre un coureur voyant qui se met dans les mêmes conditions qu’un sportif déficient visuel (Thibault Loué, @thibaultloue) , et de son guide (Cédric Dubourg, @cedricdubourg). A travers cette démarche, les deux hommes espèrent sensibiliser au handicap visuel. Le documentaire permet aussi de (re)découvrir la richesse du handisport et de ses athlètes déficients visuels :  les deux coureurs ont notamment été entraînés par  Mériam Amara (@MeriamAmara, non voyante, sportive multidisciplinaire, paratriathlon) et Thibault Rigaudeau (@rigaudeau_thibaut équipe de France handisport de Triathlon).

Voici leur histoire : https://www.youtube.com/watch?v=LHueMmkxjsk

Pour l’occasion, Thibault Loué répond à nos questions et nous en dit plus sur son parcours et ce beau projet !

 

Bonjour Thibault, merci d’être parmi nous, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Thibault Loué, j’ai 28 ans, je suis publicitaire et réalisateur.

Je pratique la course à pied depuis 5 ans, et depuis quelques temps je filme les courses dans lesquelles je me lance en caméra embarquée pour les raconter sur Youtube.

 

Alors Thibault, comment vous est venue l’idée du projet ?

L’idée m’est venue en décembre 2019, en marchant dans les couloirs du métro à Paris. Juste devant moi, il y avait un jeune homme avec une canne qui peinait à avancer au milieu d’une foule qui était totalement indifférente, hermétique à cette situation. J’ai réalisé que c’était une personne non-voyante en me mettant à sa hauteur. En parlant avec lui, il m’a expliqué qu’il n’arrivait pas à retrouver sa ligne de métro pour rentrer jusqu’à chez lui. Je l’ai accompagné jusqu’à son quai, pris le métro avec lui et l’ai aidé à descendre à son arrêt.

Pendant toute la durée du trajet, je me suis imaginé être à sa place, ne pas réussir à retrouver le chemin de chez moi, ne pas voir, être invisible. Ça m’a bouleversé. Pour moi c’est devenu une évidence, une mission, de mettre dans la lumière ces gens qui ne voient pas et que l’on ne voit pas. À ce moment là je faisais de très longues courses en trail et je me suis naïvement demandé : « Mais comment ils font pour courir ? ». Et le meilleur moyen pour raconter cette histoire c’était de la vivre moi-même sur une course mythique : le marathon de Paris 2020.

Je ne pouvais pas réaliser ce projet seul. Etant donné que j’aurais les yeux bandés, il me fallait quelqu’un pour m’accompagner. Quelqu’un qui sache courir la distance sans problème, qui sache tenir une caméra quand j’aurais les yeux bandés, et surtout un ami pour vivre cette expérience. Très vite, j’ai contacté Cédric en qui j’ai vu la personne idéale pour co-réaliser le film et être mon guide pendant la course.

 

Comment s’est passée la préparation ? 

Au début on pensait naïvement que ça allait être relativement simple. On avait tous les deux une excellente condition physique et nous avions l’habitude de parcourir la distance marathon pour nous entraîner le week-end en sortie longue. De mon côté, je m’amusais à fermer les yeux pendant quelques secondes pendant mes entraînements et ça me mettait en confiance pour la suite.

Mais quand j’ai mis le bandeau pour la première fois j’ai compris… Il ne te laisse pas le choix d’ouvrir les yeux quand tu veux, et ça fait toute la différence. Le premier entraînement a été un fiasco, nous n’avons a réussi qu’à faire une ligne droite de 100 mètres à 6 ou 7 km/h ! C’est à ce moment là qu’on a réalisé qu’il fallait qu’on se fasse aider.

On a pris contact avec Lucie Care, qui nous a mis en relation avec A2CMIEUX [ndlr : Association ayant pour but d’aider des personnes déficientes visuelles dans leur pratique sportive] à Paris. Nous avons eu la chance de pouvoir aller s’entraîner avec Mériam AMARA (non voyante, sportive multidisciplinaire, paratriathlon) et Thibault RIGAUDEAU (équipe de France handisport de Triathlon).

L’objectif était d’une part que Cédric s’entraîne avec une vraie personne non-voyante pour apprendre à guider, et d’autre part, que l’on puisse montrer qu’on peut être plus rapide que 95% des coureurs et être non voyant.

 

[à suivre la semaine prochaine pour la partie 2/2 !]