La sexualité est actuellement au coeur des préoccupations sociétales. Si de nombreux ouvrages, films, séries, podcasts sont aujourd’hui disponibles, qu’en est-il de leur accessibilité pour les jeunes déficients visuels ?

Le fonds de dotation LUCIE CARE a été sollicité par Mes Mains en or qui s’est emparée du sujet afin de réduire l’inégalité en matière d’accès aux contenus relatifs à la sexualité et à la vie affective. Nous sommes fiers aujourd’hui de nous associer à la diffusion ce ces résultats.

Un grand nombre de répondants pour pointer un sujet essentiel

Cette enquête a été lancée auprès des professionnels de la déficience visuelle et auprès des personnes aveugles ou malvoyantes. A travers un questionnaire comprenant une quarantaine d’items relatifs à la vie affective, de l’éducation à la sexualité reçue ou donnée, jusqu’aux violences sexuelles.

Preuve de l’importance du sujet, 130 professionnels de la déficience visuelle (éducateurs, psychologue et autres) et 90 adultes déficients visuels (avec une moyenne d’âge de 33 ans) ont apporté une réponse exploitable.

 

Un défaut de prise en charge du sujet qui met en difficultés les jeunes déficients visuels dans leur construction identitaire

Malgré un contexte législatif favorable à la mise en place d’une éducation à la sexualité et à la vie affective pour les jeunes déficients visuels, force est de constater que les moyens alloués sur le terrain ne suffisent pas à répondre aux besoins des jeunes. Cette étude révèle plusieurs constats :

  • Une prise en charge institutionnelle mal définie et hétérogène

> 63% des professionnels indiquent qu’il n’y a pas de projet d’établissement relatif à l’éducation à la sexualité.

  • Des professionnels volontaires qui évoquent des besoins de formation et de matériels adaptés

> 63% des professionnels indiquent avoir déjà eu à intervenir sur des problématiques en lien avec la sexualité, or 7% d’entre eux se sentent « tout à fait compétents » pour réaliser ce type de prise en charge.

  • Une volonté d’inclusion de la part des personnes déficientes visuelles avec un besoin d’accompagnement spécialisé

> Difficulté pour créer des représentations mentales, l’importance du toucher pour la compréhension…

  • Des difficultés d’accès aux contenus et interventions d’éducation à la sexualité.

> 36% font référence à des cours de biologie et à une sensibilisation –

  • La nécessité d’investiguer plus en détails la thématique des violences sexuelles auprès des personnes déficientes visuelles

> 31% des adultes déficients visuels répondant ont subi des violences sexuelles, 8% peut-être.

 

Des réponses et des solutions à envisager dans une approche collective

En réponses à ces constats, il est proposé une liste de recommandations qui se basent sur 2 axes de travail importants pour améliorer l’éducation à la sexualité et à la vie affective à destination des jeunes déficients visuels.

Tout d’abord, les structures d’accueil (ESMS) doivent vraiment se saisir de ces questions relatives à la sexualité, et prendre place auprès des autres acteurs que sont la famille, l’école et les organismes spécialisés.

Ensuite, il est essentiel de travailler à la création d’outils adaptés tels que des livres, des objets tactiles ou des podcasts. Aujourd’hui, de nombreux ouvrages d’éducation à la sexualité sont disponibles dans le commerce. Ces ouvrages constituent une ressource pour les jeunes voyants mais, actuellement, ils restent inaccessibles pour la majorité des jeunes déficients visuels. Il apparaît nécessaire de rétablir l’équité en matière d’accès à ces contenus.

C’est la mission que se donne aujourd’hui Mes mains en or en commençant un travail de co-construction d’outils adaptés avec les jeunes déficients visuels et les professionnels

 

L’intégralité du rapport de 50 pages ici

 

2 femmes de terrain, engagées auprès des jeunes déficients visuels

Laetitia Castillan est chercheuse associée au sein du laboratoire CLLE-LTC. Ses travaux de recherche portent sur l’accessibilité des contenus pédagogiques numériques pour les élèves déficients visuels. Outre ses activités de recherche, Mme Castillan exerce une activité de psychologue et réalise l’accompagnement des élèves déficients visuels du département Vaucluse.

Caroline Chabaud est le fondatrice de l’association Mes Mains en or qui œuvre depuis 10 ans dans le champ de l’édition adaptée de livres pour des jeunes déficients visuels. Mes Mains en or coordonne et développe des projets de co-conception en lien avec la lecture, la culture, l’éducation et les jeunes déficients visuels. Elle est également la mère d’une jeune adolescente non-voyante.